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Juliette Rosset – Kampala Cycling Club

À la fin de son gymnase, Juliette Rosset réalise son rêve en devenant coursière à vélo, d’abord à Kampala en Ouganda, puis en Suisse. Deux aventures parfois bien différentes qu’elle raconte désormais dans le cadre de DÉFI VÉLO.

Une aventure inopinée

C’est avec son premier vélo de course, acheté lorsqu’elle était au gymnase, que Juliette commence à participer à des courses d’orientations cyclistes – ou Alleycats / Alleychattes – à travers la Suisse. Elle y fait la connaissance de plusieurs coursier.e.s et développe un nouveau rêve, celui d’exercer à son tour ce métier une fois sa maturité en poche. Par un heureux hasard, elle tombe sur un documentaire dédié à Kampala Cycling Club, une organisation qui promeut le vélo dans la capitale ougandaise. Cette entreprise qui a aujourd’hui plus de 20 ans, était à l’origine un club qui entraînait des cyclistes à un niveau professionnel. Cette dernière s’est rapidement développée d’une part en professionnalisant ces cyclistes à travers un service de livraison à vélo dans Kampala, cela a été la première entreprise de livraison à vélo d’Afrique de l’Est. De plus, le projet à pour but éducationnel et émancipatoire d’intervenir dans les écoles pour apprendre aux enfants à faire du vélo ainsi qu’aux filles et jeunes femmes pour qu’elles puissent s’émanciper à travers le vélo. L’entreprise n’a cessé d’élargir ses offres et depuis quelques années, elle propose des safaris à vélo pour les touristes.

Juliette a tout de suite été interpellée par le service de livraison à vélo et a donc pris contact avec le fondateur du projet, Yusufu. Quelques semaines plus tard, à 19 ans, elle s’envole seule pour Entebbe, sac sur le dos, prête à arpenter les rues de Kampala à vélo.

Pendant quatre mois, elle vit dans la capitale ougandaise et expérimente ce qu’elle décrit comme une immersion totale. Même si le choc culturel est grand, elle s’intègre grâce à sa passion du vélo et se sent rapidement « faisant partie de la famille ». La jeune femme accompagne les coursier.e.s au quotidien, qui transportent principalement des documents, des passeports pour les ambassades ou d’autres sortes de colis plus volumineux sur leur bullit. Les jours où il y a peu de livraisons, elle en profite pour élargir ses activités en allant par exemple démarcher de nouveaux clients pour l’entreprise, en s’investissant dans l’organisation d’une course à vélo pour les femmes ougandaises et en tournant un petit film amateur sur son quotidien de coursière à Kampala. Seule européenne à Kampala Cycling, Juliette se sent particulièrement privilégiée de partager le quotidien des ougandais.e.s. Elle suscite aussi beaucoup de surprise et de curiosité auprès des locaux, qui n’ont pas l’habitude de voir une personne blanche sur un vélo : « C’est perçu comme le moyen de transport de celles et ceux qui ont peu de moyens » raconte Juliette. « Les gens ne comprennent pas pourquoi une femme blanche n’est pas sur une moto ou dans une voiture. »

De l’Ouganda à la Suisse

Si l’expérience s’est révélée enrichissante, elle n’a pas été sans difficulté : « La météo était compliquée, il fait chaud et il y a parfois de grosses pluies tropicales. Dans ces cas-là, on se pose et on ne pédale pas. » Au-delà du climat, Juliette relève aussi que le trafic a constitué un véritable défi dans une ville particulièrement congestionnée. Elle a même été victime d’un accident, heureusement sans gravité. Par rapport à l’insécurité à Kampala, son voyage lui a permis de déconstruire certains préjugés : « Je me suis rendue compte que je n’étais pas particulièrement une cible en tant que femme blanche pour les questions de vols lors des déplacements en vélo ou moto. Cela arrive à tout le monde. » Finalement, malgré les quelques aléas, la coursière tire un bilan très positif de son aventure ougandaise. Après quatre mois sur les routes de Kampala, elle rentre en Suisse des souvenirs plein la tête.

De retour au pays, elle poursuit son activité de coursière à Genève. L’expérience est moins dépaysant mais plus agréable pour Juliette, qui apprécie d’autant plus les infrastructures cyclables en Suisse et la sécurité relative du trafic. Elle observe aussi que l’activité est plus soutenue à Genève, avec des courses qui s’enchaînent et peu de moments d’accalmie comparé à l’Ouganda. En ce qui concerne les livraisons, certaines sont similaires dans les deux pays, tandis que d’autres sont propres à Genève, comme le transport de bijoux. Après un an passé au bout du lac, Juliette pédale désormais dans les rues escarpées de Lausanne, pour l’entreprise Vélocité.

Tracer sa route

Difficiles à comparer, ces différentes expériences ont chacune apporté à Juliette de précieux enseignements. Devenue intervenante et monitrice à DÉFI VÉLO, elle s’efforce de partager son aventure en Ouganda pour montrer que ce métier existe aussi ailleurs : « Ça ouvre les perspectives et les esprits. » Cependant, elle met davantage l’accent sur l’activité de coursier.e en Suisse, un cadre « plus parlant pour les jeunes », dont beaucoup découvrent que ce métier va au-delà des fameuses enseignes de livraisons de repas : « Ça peut leur mettre la puce à l’oreille. Ils se disent “Ah tiens, ça existe, je pourrais faire ça.” » Juliette ne manque pas de mentionner l’environnement de travail sympathique, l’esprit de communauté et l’horizontalité qui caractérisent son environnement de travail. Elle met aussi en avant le côté sportif du job qu’elle apprécie beaucoup : « C’est une manière de rester en forme, et de favoriser aussi son bien-être mental. »

Juliette ne pédale pas uniquement dans le cadre de son travail. Dans son temps libre, elle aime voyager dans les pays voisins, parfois avec son frère ou sa sœur. Elle rêve de faire de plus longs voyages, en allant par exemple au Maroc depuis la Suisse, ou en longeant la côte est-africaine depuis l’Afrique du Sud pour retourner en Ouganda. Mais elle admet que la destination lui importe moins que les personnes avec qui elle voyage : « S’il y a des personnes motivées, je pourrais facilement me laisser embarquer n’importe où. » Au-delà du vélo, la jeune femme est aussi passionnée d’alimentation. Après des études en sciences gastronomiques, elle souhaiterait trouver un emploi dans le domaine, en parallèle de ses activités cyclistes. Avec le même esprit d’aventure qui la guide sur son vélo, Juliette continue de tracer sa route, portée par ses passions et prête à saisir les opportunités, que ce soit sur les routes du monde ou dans l’univers de la gastronomie.

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